Julien, mannequin de sous-vêtements
Je m’appelle Julien et j’ai 25 ans. Je me présente à vous comme mannequin de sous-vêtements de la marque XY qui habille les plus grandes stars. En me croisant dans la rue, que traduit votre IMAGINATION : « Quelle belle allure ! Ce jeune ressemble à tous les jeunes à la mode que je connais !! » C’est vrai, je suis comme eux en apparence.
Et pourtant, un grave accident de ski à 10 ans aurait pu m’être mortel. Un arbre a traversé ma route et ma chute fut terrible. Les deux jambes écrasées, inconscient suite à un traumatisme crânien, je me suis réveillé à l’hôpital, mes parents à mes côtés semblaient désespérés. Je ne sentais rien, certainement à cause des drogues injectées ! Petit à petit, j’ai repris vie, et m’impatientai à me lever et remarcher. Mais un matin, le diagnostic du Professeur tomba : il fallait m’amputer des deux jambes. J’étais jeune, alors la rééducation et les progrès techniques m’aideraient à dépasser le handicap m’assura le professeur pour me remonter le moral. Silencieux, et effondré, je refusais d’accepter que cela puisse être réel : trop jeune, pas juste, encore toute la vie devant moi…
Très vite, on m’envoya dans un centre spécialisé où beaucoup de jeunes y séjournaient, tous très meurtris dans leur corps. Et c’est là que le mot TOLÉRANCE a pris tout son sens. Deux choix étaient possibles, soit me laisser dominer par le handicap, soit me battre face à l’adversité. J’ai choisi cette deuxième solution en voyant, dans ce centre, de véritables combattants, des héros de tous les jours voulant s’en sortir à tout prix. Une véritable AMITIÉ s’installa alors entre nous, avec beaucoup d’entraide et de bienveillance.
Je pris alors ma vie en main et décidai de me porter volontaire pour participer à des expériences de prototypes afin de pouvoir marcher. Aujourd’hui me voilà debout, appareillé et, curieusement, je me rends compte qu’habillé de mes prothèses, je redeviens monsieur tout le monde. Apprendre l’équilibre est, par contre, difficile à acquérir après tout ce temps en fauteuil…
Depuis, j’ai rencontré un grand champion de natation d’handisport qui m’a obligé à dépasser mes peurs et à mon tour je suis devenu un champion dans ma catégorie. D’ailleurs, le plus extraordinaire restera le jour où cette marque de sous-vêtements m’a proposé un contrat de mannequinat. Cela n’a pas été simple de dépasser le regard de l’autre, mais à présent je suis à l’aise et heureux.
La vie est belle malgré le handicap, car il m’a fait grandir. C’est vrai que je suis différent des autres mais n’est-on pas tous différents ?
