Dans la douceur du printemps arctique, tout au bout de la terre que l’on appelle Pôle Nord, dans un terrier aux nombreuses galeries, sont nés quatre petits renardeaux polaires.

A l’heure juste, Iska la femelle s’est couchée et a mis bas. Isaki est arrivée la première, c’est une petite boule de fourrure brune et grise, avec une longue queue et deux petites oreilles rondes. Ses yeux sont bien fermés, mais elle sait d’instinct trouver les mamelles de Iska sa mère et téter goulument le lait chaud, tout comme ses frères d’ailleurs.

Quand Iski le père rentre de la chasse avec trois mulots morts dans la gueule pour le repas, les quatre renardeaux sont endormis contre leur mère. Il est surpris et très fier. Il réconforte Iska par de petits coups de langue, et avec son museau renifle sa progéniture. Il se couche près d’eux et les contemple longuement. Dans la tanière l’amour est doux et chaud, il a l’odeur de l’humus de la toundra qui sort de l’hiver, il a l’odeur de la meute nouvelle.

Les renardeaux ont une semaine maintenant et la tanière est un véritable chahut, il est temps d’aller voir l’extérieur. Isaki la première, et plus téméraire que ses frères, sort du terrier en suivant son père qui part chasser pour le repas de la tribu. L’air est vif et froid et la lumière est intense, Isaki rebrousse vite chemin pour se réfugier à l’ombre des pattes de sa mère.

Les jours passent, Isaki pleine de curiosité explore l’environnement autour du terrier. Elle joue beaucoup avec ses frères, renifle chaque touffe d’herbe et parfois fait la course avec un jeune lapin ou une souris. Bien fatiguée elle aime aussi les siestes contre le flanc de sa mère.

En arctique à la belle saison il n’y a pas de nuit et la nourriture est abondante. Mais en hiver les conditions de vie sont plus difficiles, la jeune meute doit vite apprendre à chercher sa nourriture avant les premiers froids. Ils partent tout le jour chasser avec leurs parents. Isaki aime surtout les œufs et elle est déjà experte dans la ruse pour éloigner l’oiseau de son nid et lui dérober ses œufs dont elle se régale sans partage.

Les mois filent vite vers l’hiver. Le pelage des renards polaires peu à peu devient blanc et plus épais. Avant le grand froid, la meute doit nettoyer et agrandir la tanière et aussi préparer des provisions. L’hiver arctique est extrêmement froid, parfois il fait -50°c avec de grosses rafales de vent et la neige par endroit se gèle. Il y a peu de nourriture et il fait nuit tout le temps, le soleil ne vient plus durant plusieurs mois.

Les premières neiges apparaissent sur la toundra où vit la meute, elles sont froides et mouillées. Avec ses frères, Isaki s’amuse des flocons qui tombent, elle cherche à les happer en sautant haut, elle fait des cabrioles et des glissades.

Tout ce blanc qui brille au faible soleil est féérique en cet hiver polaire tout au bout de la terre que l’on appelle Pôle Nord.

Il est temps de rentrer dans la tanière familiale, Isaki enroule sa longue queue sur son museau pour être au chaud et s’endort.

Maman ferme le livre d’histoire, Isabelle s’est déjà endormie avec son petit renard blanc en peluche dans les bras.