Teddy

Timothée était une petite fille pleine de vie. Un peu garçon manqué, elle s’intéressait plus au ballon qu’à la poupée. Elle avait deux sœurs, Monique de deux ans son aînée, et Christine sa cadette qui avait six ans de moins, le bébé de la famille. 

Ne trouvant pas sa place, elle se collait à Monique, et pensait qu’à deux elles seraient plus fortes. De plus, en copiant les garçons, elle pourrait mieux plaire à son père qui avait toujours la nostalgie de son fils mort-né. Elle travaillait bien à l’école, espérant voir dans ses yeux de la fierté en retour, en quête de reconnaissance. 

À 17 ans, elle avait dû se séparer de sa sœur Monique, partie en fac, avec laquelle elle partageait le même lycée, la même chambre et le même groupe de copains. Timothée ne l’avait pas supporté, et se sentant abandonnée, elle s’était réfugiée dans la maladie. Elle avait été alitée pendant près d’un an. 

Ses parents, très inquiets, lui avaient alors apporté beaucoup plus d’attention et, malgré leur réticence, avaient fini par exaucer son vœu le plus cher, celui d’avoir un chien comme compagnon. 

Et avaient cédé pour une boule de poils frisés. Un caniche royal, de couleur caramel-chocolat, et prénommé Teddy. Il était jeune et « fou-fou » mais deviendrait, au fil du temps, son véritable sauveur.

Le sourire et même le rire étaient revenus sur son visage, notamment quand elle cachait sa balle sous les draps et qu’il les grattait jusqu’à s’y glisser, en lui faisant des chatouilles en passant. Elle en oubliait alors ses maux du moment. 

Quand elle était triste ou souffrante, il venait se blottir contre elle pour l’apaiser et la rassurer, en lui faisant des léchouilles d’amour. 

Ils étaient unis, pour le meilleur, et dans l’épreuve qu’elle traversait. Il était devenu sa canne pour remonter la pente jusqu’à sa guérison. 

Timothée avait pu reprendre ses études et passer son bac avec panache. Tous les soirs, Teddy l’attendait derrière la porte, prêt à lui faire la fête dès qu’elle la pousserait. La confiance s’était installée, et petit à petit, ses parents devinrent fiers de son parcours. 

Après son succès au bac, une fac lui avait ouvert les bras. Cela la rendit plus autonome, mais toujours avec son chien à ses côtés, son fidèle confident.

Ils vécurent 14 ans de vie commune, tant de choses furent partagées qui la remplissaient de bonheur au fil des jours. Mais soudain tout s’arrêta, et le vide s’installa. Et malgré son départ, et la peur d’un second abandon, elle avait grandi et pouvait à présent comprendre malgré sa douleur. Teddy resterait à jamais dans son cœur et d’autres boules de poils l’accompagneraient tout le long de sa vie pour partager et profiter de cet amour inconditionnel. 

Amour