SOUVENIR DE COLLEGE

        Le jour de sa rentrée en sixième, elle n’avait que 10 ans et demi et une bonne dose de stress. Le collège était au centre de Montpellier alors qu’elle vivait en banlieue. Pour la première fois, elle prenait le bus sans maman, mais heureusement avec sa sœur Monique, de 2 ans son aînée, qui y était déjà scolarisée. La route lui semblait très longue et l’angoisse montait crescendo. Elle serait bientôt seule à affronter ces nouveaux locaux et plusieurs professeurs à la fois. De l’arrêt de bus au collège, il lui fallait encore marcher plus d’un quart d’heure, transformant son angoisse en panique, plus elle avançait, plus elle serrait fort la main de sa sœur. 

         Soudain, Monique s’était arrêtée devant une vieille grande bâtisse, aussi austère qu’un cloître et, aussitôt oppressée, un sentiment d’enfermement lui était remontée à la gorge car elle vivait alors dans une gendarmerie ! Elle regrettait déjà son école primaire, un ancien lavoir dans la nature, baptisée « école ronde » car on pouvait en faire le tour et même y faire la course à la récrée. 

          Avant d’entrer, elle avait visualisé les jeunes agglutinés devant cette porte qui lui paraissait immense, à la recherche d’anciens copains. Mais très vite, elle s’était retrouvée à l’intérieur, et l’avait entendue claquer derrière elle. Le cœur gros, sa main avait lâché celle de sa sœur, et la cloche avait sonné. 

          En rang par deux, elle avait pénétré dans une grande salle, au plafond très haut qui la faisait se sentir encore plus petite. Un éclairage artificiel rendait cette classe peu accueillante, mais, pas le choix, il faudrait bien s’y faire !! Dommage, elle venait de quitter son beau soleil de septembre qui lui manquait déjà.

          Elle s’était alors mise dans un coin, près d’une fenêtre, ou plutôt d’une lucarne, et avait cherché la lumière pour s’y évader. Studieuse, elle avait rapidement observé les élèves et le fonctionnement de la classe pour s’y intégrer au mieux. Elle voulait aussi se persuader que, si sa sœur l’avait accepté, il n’y aurait aucune raison que ce ne soit pas la même chose pour elle. C’était un peu son modèle et elle en aurait la force…

          La sonnerie avait retenti, c’était l’heure de la recrée, et elle allait enfin retrouver Monique.

          C’était finalement une nouvelle aventure à vivre, dans une nouvelle école, et sa sœur serait encore là un moment pour partager ses émotions de collège.