Dans une contrée lointaine, une sécheresse touchait le pays de Duale.

Pourtant, une rivière balayait les rives de ses longs bras d’eau.

Le soir venu, la rivière appelait sans cesse les hommes à venir la nettoyer afin de tenir l’équilibre écologique.

Mais au fond de leurs couches les hommes dormaient profondément.

Près de la rivière vivaient un meunier, sa femme et leur très belle fille qui ne sortait que très rarement.

Les hommes tournaient autour d’elle mais d’aucuns, elle ne voulait.

Le moulin du meunier ne  tournait plus que rarement, le vent ne soufflait plus.

Ce dernier passait son temps à dormir et la famine atteignit rapidement le pays.

Le blé devenait de plus en plus rare et la rivière continuait à déverser son poison sur la terre. Celle-ci devenait aussi lourde que du plomb.

Un matin, le meunier partit en forêt ramasser des baies sauvages pour leur maigre diner.

Il y rencontra un vieil homme qui lui dit :

«  Si tu me donnes ta fille, tu auras toutes les richesses du monde »

Le meunier sans réfléchir répondit :

« Contre de l’or et des pierres précieuses tu auras ma fille ».

Un pacte venait d’être scellé.

En rentrant chez lui, il trouva une montagne d’or, de diamants et des pierres précieuses de toutes sortes.

Sa femme accourut heureuse vers lui.

Un collier de perles scintillant autour de son cou et tous deux étaient heureux, riaient, chantaient, s’embrassaient.

Enfin ils étaient riches.

Le meunier fut tout de même gêner lorsqu’il vit sa fille.

Il s’avança vers elle et lui dit.

« Ah ! Ma fille, un homme va venir et il sera ton époux ».

« Bien, répondit la jeune fille, vous êtes mon père et je ferai ce que vous dites ».

Elle laissa de côté le rouet qu’elle avait continué à filer et prépara son sac de voyage.

Le lendemain, le vieil homme apparut à la porte de la maison et fut invité à entrer.

L’homme montra à ce moment-là son véritable visage : celui du diable.

 »Le mal », ce démon venait de s’identifier et avançait vers sa promise.

La jeune fille se mit à pleurer, elle prenait conscience qu’elle allait perdre le sens de sa vie.

Pour de l’argent son père avait donné sa main au malin.

Il avait vendu son âme.

Le meunier était un mauvais père.

Elle s’écria : « pitié, pitié pour moi mon père »

Elle l’implora, pleura, se retourna vers sa mère.

Mais la psyché de sa mère demeura intouchée.

Pourtant, elle se sentit coupable mais resta dans un état végétatif alimenté par la rencontre  d’avec le diable.

Prise de peur, la mère se cacha sous le lit.

Son père ne pris même pas la peine de lui répondre.

Elle sut à ce moment-là qu’il lui fallait quitter le toit de ses parents.

Le père trembla et donna sa pauvre fille au diable.

Le démon triompha.

Il avait gagné deux nouvelles âmes, celles du meunier et de son épouse.

Le diable et la fille disparurent sous une fumée opaque.

Le soir venu, la fille dessina un rond autour d’elle et le diable ne put l’approcher.

Tous les soirs, la jeune fille dessinait le rond autour d’elle provoquant la fureur du diable.

Un matin, alors que le diable était occupé à polluer la rivière et à retenir le vent, il ne vit pas que la jeune fille s’enfuyait.

Après des semaines de marche, elle arriva dans un nouveau pays où les maisons avaient deux portes d’entrée.

Une vielle femme, habillée de peaux de phoques,  lui offrit l’hospitalité et lui fit promettre de ne jamais rouvrir la petite porte.

Les mois passèrent et la jeune fille filait si bien du rouet que toutes les femmes du pays vantèrent son fil si pur et si lumineux que le diable retrouva sa trace.

La pauvre jeune fille devait de nouveau s’enfuir et ouvrit la petite porte.

Deux  chemins apparurent. L’un montant vers les nuages et l’autre vers le monde.

La femme habillée de peaux de phoques lui dit de ne pas prendre la route du ciel, car elle ne pourrait jamais revenir.

Mais pour échapper au diable, la jeune fille prit la route du ciel, le malin resta sur la route du monde.

Elle avança et sentit rapidement que le souffle commençait à lui manquer et lorsqu’elle atteignit les nuages elle perdit connaissance.

Lorsqu’elle revint à elle, elle n’était plus seule.

Une tribu était là et des jeunes filles dansaient autour d’un feu de couleur bleu.

Les flammes étaient si hautes que la déesse Mère la lune souriait à chaque prière et incantation.

Les filles de la lune offrirent à la jeune fille trois objets magiques :

Un tapis qui avait la possibilité de voler et de l’amener là où elle le voulait, une planche pour naviguer sur n’importe quel océan, un rouet qui filait à la vitesse du vent.

La déesse Mère lui dit qu’elle ne pouvait en choisir qu’un seul.

La jeune fille se pencha pour regarder la terre et vit le monde.

Elle vit son père qui dormait sous le figuier dessécher au bord de la rivière polluée et sa mère qui se terrait dans la maison et qui portait des colliers si lourds que sa tête  penchait vers le sol.

La jeune fille choisit le rouet car elle était bien avec les filles de la lune.

Tous les soirs, elle filait un fil fin comme de la soie qui descendait sur la terre et des araignées  arrivèrent sur la terre grâce à ce fil.

La fille du meunier était devenue la Mère des araignées, pour que les hommes de la terre entrent en relation avec leurs inconscients.

La fille araignée était passée de la terre Mère au Père ciel pour aller à la lune mère et accéda ainsi au pouvoir créateur.

Elle comprit que son père était incapable d’évoluer, toujours couché sous son figuier.

Elle regarda sa mère qui avait détourné son regard au lieu de l’aider lorsque le diable était apparu. C’était une femme si pauvre de vitalité que cela la rendait prisonnière des biens matériels.

La fille du meunier passa du stade de l’involution à celui de l’évolution et acheva la conscience du soi.

Elle comprit que son père avait voulu tuer en elle ses facultés spirituelles et créatrices en la promettant au diable.

Ses parents étaient imparfaits et vivaient coincés dans leurs inconscients.

La jeune fille coupa le fil de la chaine qui se prolongeait de génération en génération et qui polluait la rivière des complexes parentaux.

Elle avait su monter au ciel, trouver un autre monde, une autre civilisation où tout était fécondité et harmonie.

SEDNA pris pour époux le fils du roi, eut une fille et un fils. Elle vécut en femme accomplie car elle avait su identifier les pièges et les cages de la vie.

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