– Fouah ! fouah ! fouah ! s’écria le brigadier.
L’homme était assis en face de lui, dans cette pièce de la gendarmerie de Foix.
– Vous ne vous ficheriez pas de moi, des fois ? Vous êtes sûr que le sporting club de Foix ne s’entraînait pas cette nuit pour profiter de la fraîche ? interrogea méchamment le brigadier. L’homme, qui s’attendait à la réaction du gendarme, reprit :
– Brigadier, je vous répète que j’ai vu un engin de la forme d’un ballon de rugby se poser à minuit quarante deux précises sur le stade de Foix. Ma foi, c’est bien ce que j’ai vu. J’ai dit la forme d’un ballon de rugby, mais il devait bien faire cinq mètres de haut…
Le gendarme tapa du plat de la main sur la table :
– Fouah ! fouah ! fouah ! et des petits hommes verts en sont sortis, non ?
– Non, pas du tout, mais je vous jure par tous les saints que c’est bien ce que j’ai vu…
– Pourquoi les saints ? Vous êtes croyant, vous ?
– Ma foi, oui, j’ai la Foi, Dieu merci…
– Bon, bon, supposons. Alors qu’avez-vous fait ?
– Moi ? Rien, tiens…
– Et pourquoi ?
– Eh ! Parce que j’ai eu les foies !
– Et ça a duré longtemps ?
– Quoi ? que j’aie les foies ?
– Mais non, foi de gendarme ! Le phénomène !
– Ah ! le ballon de rugby ? Exactement 2 minutes et trente quatre secondes. Et puis il s’est mis à flotter à un mètre du sol, et il a disparu verticalement comme une flèche.
Le gendarme se remit à taper sur son clavier d’ordinateur :
– Et alors vous n’avez plus eu les foies…
– Voilà, j’étais rassuré. Mais cinq minutes après, le ballon de rugby géant est revenu ! »
– Non… Et alors vous avez à nouveau eu les foies ?
– Oh, pire, une boule dans le ventre m’a pris et j’ai eu terriblement envie de vomir.
– Une espèce de crise de foie ?
– Vous ne croyez pas si bien dire. Hier soir j’avais mangé trop de pâté de foie et il ne voulait pas passer…
– Et alors, vous avez gerbé sur le terrain ?
– Non, je ne voulais surtout pas faire de bruit à cause de l’engin…
– Et vous avez pensé quoi ?
– Eh tiens, que des fois ils avaient dû oublier quelque chose !