« PORTER LA MASQUE »

Quelle époque ! Qui aurait pu se douter de ce qui nous attendait le premier janvier dernier, jour des échanges de vœux ?

Ce qui me choque le plus (outre le flot de bêtises quotidien débité par les média, et je ne parle pas des « résosocios »), c’est l’apparition du masque sur le visage de mes semblables et sur le mien par la même occasion. Désormais, nous ressemblons tous à Garuda ! Garuda, c’est cette divinité de la mythologie hindouiste, mi-homme mi-oiseau, et qui sert en permanence de taxi au dieu Vishnou qu’il transporte sur ses épaules (Vishnou, c’est le dieu de l’équilibre, en particulier de la Paix. Pour s’en souvenir, il suffit de se rappeler Vishnou-la Paix…). Donc nous voilà tous affublés du bec de Garuda, et Dieu sait pour combien de temps ? Quand je pense que je trouvais bizarre que les asiatiques en portent tous sur la voie publique et depuis longtemps pour se protéger de la pollution !

Moi je vous le dis, on nous a « porté la masque » !

Vous êtes surpris de mes écarts orthographiques ? Je m’explique : à Marseille, il y a au moins deux mots de genre masculin en français qui sont de genre féminin en marseillais. Ces deux mots sont platane et masque.

Mais l’emploi du féminin pour masque est surtout employé sur les rives du Lacydon pour signifier que l’on vous a bel et bien jeté un sort ! Lorsqu’une avanie survient à un marseillais, il ne faut pas s’étonner de l’entendre dire « on m’a porté la masque ». Pire, il peut connaître l’oiseau de mauvais augure, et il dira « Il (ou elle) m’a porté la masque ! Il m’a emmasqué ! »

Dans ces cas-là, une seule solution, trouver quelqu’un qui pourra vous enlever « la masque ». Petit enfant, je me souviens d’une fois où étant malade (j’étais sujet aux angines à répétition) j’avais vu arriver à mon chevet une voisine dont ma mère avait requis les services, et qui avait prononcé diverses incantations, fait une foule de signes de croix, et pour finir tracé je ne sais quoi sur mon front avec… de l’huile ! Et bien voilà, elle était venue pour m’enlever « la masque ».

Ah ! Dans notre situation, qui pourra nous enlever la masque afin que nous puissions remiser ceux que nous portons au musée des mauvais souvenirs ?

Peut-être nous faudrait-il nous tourner vers Marseille.

Tè ! Et si je sollicitais le professeur Raoult ?…