Mon cher petit Ninou,

Ça me fait tout drôle de t’écrire. J’ai l’impression d’écrire à un de mes petits fils. Et pourtant c’est bien à toi que je m’adresse en t’appelant par ce joli diminutif que grand-père t’avait donné.

Rassure-toi, je ne vais pas jouer à « voilà ce qui t’attend dans ta vie ». Après tout, tu verras bien ce qui va arriver, et comme tu es moi, je n’ai pas besoin de te faire confiance pour savoir comment tu aborderas tout ça.

Je sais bien que tu ne recevras jamais cette lettre par la poste, mais peut-être tu auras tout à coup un sentiment étrange et passager, sans comprendre que c’est une pensée qui vient du futur…

Alors, la seule chose que je veux te dire, c’est ce que je ressens encore aujourd’hui comme un regret. Papa. Je sais bien, tu peux le voir lors de ses escales, un peu de temps chaque fois. Mais hélas, un jour il embarquera pour un voyage sans retour et tu ne pourras plus lui parler. Papa ne parle pas assez souvent parce qu’il ne sait pas comment te dire, et toi tu es pris par un tas de choses, l’école, le lycée, les copains, les copines, et le temps passe. Alors n’hésite pas à lui demander, encore et encore, tout ce que tu aurais envie qu’il t’explique.

Voilà.

Mon cher petit Ninou, je t’embrasse bien fort par la pensée, et je veux te dire encore : je suis très fier de toi.