Mathias

Mathias est devenu un homme d’affaires ambitieux, bien loin sont les souffrances de l’enfance pour, comme il le dit, « être à la hauteur ». Aujourd’hui il collectionne les réussites, il est sans aucun doute un leader. Pour en arriver là, Mathias a dû se battre et travailler beaucoup. Mais il n’y serait probablement jamais arrivé s’il n’avait bénéficié des conseils avisés de sa grand-mère, chez qui il allait déjeuner tous les lundis et acquérir peu à peu une bonne estime de soi, connaître ses capacités et être bien dans sa peau. Aujourd’hui, cette confiance ténue lui permet de relever chaque jour de nouveaux défis. Extrêmement compétitif, il croit ferme en ses idées. Pourtant, malgré son succès et sa haute estime de lui, Mathias n’est pas vraiment heureux, pas totalement, car il se sent souvent seul et incompris. Ses relations amicales et intimes sont de courte durée, il ne s’intéresse aux autres que tant qu’ils peuvent lui apporter quelque chose. Il avoue ouvertement ne pas éprouver beaucoup de compassion. Et pourtant les gens qui l’entourent l’admirent et le citent en exemple, mais aussi le jalousent, voire le méprisent. Mathias pense que s’il a réussi dans la vie c’est notamment parce qu’il se fie à lui-même et ne va donc pas se remettre en question pour quelques préjugés. On ne peut pas plaire à tout le monde ! Mathias ne se doute pas que son estime de soi, qui est en grande partie responsable de sa réussite, joue aussi un rôle non négligeable dans son malheur. En rentrant tardivement de son bureau, il trouve sur la table basse du salon une lettre de sa fiancée.

Mon bel orgueilleux,

Le fait d’être un chef d’entreprise, millionnaire, reconnu internationalement, ne fait pas de toi un « meilleur » être humain. N’accorder d’attention qu’à toi-même et à tes opinions, te valoriser tout le temps ne me permet pas de me sentir considérée et respectée. Avec ta suffisance Mathias personne ne peut s’affirmer, tu instilles le doute et inhibe toute assurance chez ton partenaire. L’enflure de ton égo ne t’autorise pas à accepter tes erreurs de jugement et de comportement, ça te rend méprisable. Pourtant, tu as tant de belles valeurs en toi (sois-en assuré, si nécessaire, je le pense vraiment). Surtout, surtout ne dénigre pas ton prochain. La recherche du bonheur et du bien-être dont tu me dis être en quête, tient en bonne partie aux relations harmonieuses que nous avons avec nos semblables. Ta haute estime te monte à la tête, tu te perds, tu t’éloignes de toi-même. Soit plus humble, plus authentique, tombe le masque. Pour l’heure, je te laisse méditer sur les raisons de mon départ.

Bon courage (mais je sais que si tu veux tu peux, tu peux tout) !

Je t’aime

Béa

Que faire lorsque notre vision de soi balaie tout sur son passage ?

Demain c’est lundi, je vais déjeuner chez mamie.

LN