Liberté conditionnelle

Comme un rituel, tous les matins je vais marcher pendant une heure, pas plus, dans un petit parc qui se trouve à environ 500 m de chez moi. J’ai le droit de le faire, mes papiers sont en règle, mon autorisation de sortie bien remplie, avec mes coordonnées et bien entendu ma carte d’identité qui atteste que c’est bien moi. Je suis en liberté conditionnelle.

Ne craignez rien, je n’ai jamais volé qui que ce soit ! Enfin, peut-être un peu, des bonbons surtout, mais je n’étais qu’une gamine. Je n’ai tué personne non plus ! Pourtant ces temps-ci j’ai été très souvent en colère contre des gens irresponsables atteint d’un virus que je nommerais « bêtise humaine », et quand je dis bêtise je reste polie. Mais je suis arrivée à me maîtriser. Chacun sa conscience.

Mais que se passe-t-il donc me direz-vous ? Une espèce de guerre où un virus (un vrai) menace l’humanité. Ce n’est pas un scénario de science-fiction, non, c’est une réalité. Je prends patience, comme la plupart des gens, le plus philosophiquement possible.

Après avoir vaqué à mes occupations, je me relaxe, je lis. Je me surprends à rêver à l’après, quand nous pourrons enfin nous prendre par la main, nous taper sur l’épaule et même nous embrasser. Quand nous pourrons faire sauter sur nos genoux nos petits-enfants, nous nourrir de leurs rires qui tinteront comme des milliers d’oiseaux sous un ciel définitivement bleu.

Le seul point positif, si je puis m’exprimer ainsi, dans cette liberté conditionnelle, se sont ces moments de détente forcée qui me font réfléchir à ce qui est le plus important. La santé avant tout bien sûr, mais aussi, l’amour, l’amitié, le partage … La liste pourrait être longue … Je sens une langueur qui s’empare de moi, l’envie de dormir me gagne doucement, je me sens …si bien… je lâche prise … enfin … rrrrrrrrrrrrrrr

Marcal