Coucou Domi,

Aussi étrange que cela paraisse, je dois t’écrire une lettre. Je trouve cela  fort amusant car elle devra certainement traverser une troisième dimension pour t’arriver ou plutôt m’arriver le jour de mes quinze ans ! Je sais déjà que lorsque maman te la donnera, tu vas rougir, l’enfouir dans ta poche et  attendre d’être dans ta bulle pour l’ouvrir à l’abri des regards de tes sœurettes. Ta bulle, c’est ta chambre, avec ton bureau en désordre pour mieux cacher tes secrets, ta guitare où s’égrènent des musiques nostalgiques, et Joan Baez qui t’emporte dans son monde de liberté. Tu ouvres la lettre avec délicatesse en essayant d’en deviner l’auteur. Dépêche-toi ! J’aimerais te délivrer un petit secret. Mais avant, faisons un rapide petit relooking. Tu es une « grandasse » d’1,70 m, et avec tes cinquante-six kilos toute mouillée, tu te caches dans des vêtements amples car on te surnomme « la grosse » à la maison. Crois-moi tu ne l’es pas ! Je sais aujourd’hui de quoi je parle, alors sors vite de ton placard des tuniques colorées, des chemisiers à fleurs, ta mini-jupe en jean et l’icône des pantalons … ton « pattes d’eph ».  A présent, lis  mon secret ! Il va te surprendre, mais j’espère que tu l’appliqueras avant tes cinquante ans, année de ma découverte. Le voici ! Tu ne crains rien à dire NON, tu n’en meurs pas, tu ne perds pas tes vraies amies, tu ne froisses pas tes proches, aucun cataclysme ne se produit. Tu peux dire un NON lumineux lorsque ce ne sont pas tes idées, un NON bienveillant quand tu dis oui pour ne pas blesser l’autre, un NON bien juteux pour ne pas être prise pour une bonne « poire », un NON identitaire parce que tu as le droit d’être toi. Si Yvette l’intrépide, Santina l’espiègle, et la sage Marlène t’ont choisie pour amie, c’est qu’elles connaissent tes valeurs et apprécient ta fidèle amitié. Alors aime-toi comme les autres t’aiment et t’aimeront plus tard. Vis, ose dire, ose faire, et crée-moi de beaux souvenirs.                                                                        PS : avant que les gardiens de la galaxie ne referment la porte,  juste encore un mot, « écris tes rêves car mes petits fils adorent tes histoires ! »