Notre souveraine Léccie a l’habitude de dire que chaque membre de l’Association Ecri’Service possède son d’écriture et son univers propre. Ce n’est peut-être pas flagrant de prime abord. Mais avec le temps, on finit par reconnaître l’identité de l’auteur rien qu’en lisant ses écrits.

Nini Dobrosielski n’échappe pas à cette règle. Outre le ton caustique et plein d’humour dont elle use avec brio, l’une de ses spécialités est le texte musical. Si le principe est simple, il fallait néanmoins y penser. Dans la pratique cela donne ceci : prenez une chanson bien connue du grand public, de préférence en rapport avec la consigne imposée, et décortiquez son contenu en le détournant avec force loufoqueries.

Nous vous laissons découvrir ce qu’un tel procédé donne avec le thème de la gourmandise, sachant qu’il bénéficie en prime d’une mise en images originale, pensée par LN.

Et pour les cerveaux lents qui n’auraient pas compris à quelle oeuvre musicale Nini fait référence dans son texte, rendez-vous à la toute fin de l’article !

Force est de constater que les gourmands « honteux et confus » prennent rarement la parole pour confesser leurs frénésies alimentaires.

La peur sans doute d’être mis au ban d’une société moralisatrice mais surtout parce qu’il est foncièrement indélicat de parler la bouche pleine.

Il est donc nécessaire de rechercher dans les archives stéréophoniques les personnalités qui par leur courage musical ont su interpréter avec justesse le sujet capital sus–cité.

Analysons si vous le voulez bien l’habileté poétique d’une figure top-cinquanté notoire :

« J’ai tout mangé le chocolat

J’ai tout fumé biiiiiip les ‘Craven A’

Et comme t’étais toujours pas là

J’ai tout vidé le rhum-coca

(…)

Fallait pas me quitter tu vois

Il est beau le résultat,

Je fais rien que des bêtises, des bêtises

Quand t’es pas là. »

Voilà, voilà !

Venons-en maintenant à la démonstration littéraire de ce texte.

Petit un : la gourmandise est une bêtise. Ah ben si, c’est dans le titre – et par extension biblique et non capillaire, c’est un des 7 pêchés CAPITAUX, aïe aïe aïe c’est très vilain, c’est même Dieu qui l’a dit.

Petit deux : le chocolat, bien que fourbe, n’est pas le seul aliment incriminé et les plus coupables sont sans aucun doute les trop gras, trop sucrés et trop salés.

Un individu lambada à caractère brocoliphile ne pourra donc jamais prétendre au titre de gourmand invertébré puisque justement, il en a.

Tout ça pour dire que la gloutonnerie perturbe les fonctions CAPITALES du corps humain et aussi… y’en a qui en meurent.

Petit trois : le tabac, le cigare, la cigarette, la vapoteuse et autres vaporettos domestiques qui désodorisent l’air ambiant et carbonisent le système phonato-respiratoire, ne sont pas préconisés pour un usage personnel irraisonné.

Répréhensibles sur le plan moral mais pas financier, ils permettent à l’état de s’ériger un douillet CAPITAL. Malgré ça… y’en a qui en meurent.

Petit 4 : le Rhum Coca, marveleux cocktail mêlant spiritueux et opiacées permet à un individu lambada de jouir de superpouvoirs sur une courte période.

Même si c’est très agréable et parfois même addictif, Jésus et son père ont vraiment insisté sur le fait que c’était un très gros péché et que tout consommateur abusif serait sanctionné par une peine CAPITALE et c’est pour ça depuis ce jour là que… y’en a qui en meurent.

Dans cette bafouille aigrie, je n’aborderai pas aujourd’hui, par ennui mais aussi par manque de place, les autres aspects de l’avidité gourmande.

Je tenais à ce que ça soit précisé afin que l’auditoire ne m’accuse pas de frustration littéraire préméditée.

Mais penchons-nous s’il vous plaît sur l’analyse du vers 123 qui, suite à un découpage arbitraire des paroles, a été promu vers numéro 3, je cite :

«  et comme t’étais toujours pas là »

A l’origine.

A l’origine de tout comportement compulsif :

Le manque,

Le vide.

Un peu d’indulgence pour vos semblables :

« Toute personnalité esseulée

Panse ses plaies,

Et comme toujours dans ce cas précis

S’enfume, s’euphorise et se remplit… »

Oh, je sais bien qu’il est vain de s’enliser dans une psychologique rimée…

On ne retient que rarement l’avis des gourmands…

Quoi qu’ils en disent !

 

Sabine Paturel – Les Bêtises – ClubMusic80s – clip officiel

Texte : Nini Dobrosielski