Dans la cour de récréation, Léna semble ailleurs. Elle jette des regards insistants vers un camarade de classe.

– Mais pourquoi observes-tu sans cesse Eliot ? demande Justine à Léna.

– Tu ne le trouves pas beau toi ? lui répond-elle.

– Oui, il est très mignon et oui, j’ai bien remarqué qu’il te plaisait, rétorque Justine. Tu n’arrêtes pas de le dévisager.

– Mais dis-moi Justine, comment sait-on qu’on est amoureuse ?

– Eh bien, tu viens juste de le dire, tu le trouves beau et à chaque fois qu’il te regarde, tu deviens rouge comme une pivoine. Et puis, à la cantine, tu bouscules tout le monde pour t’asseoir à ses côtés. J’ai même remarqué qu’à la dernière récré, tu avais partagé ton goûter avec lui parce qu’il avait oublié le sien. Et même pendant les week-ends, tu ne penses qu’à lui, déplore Justine en levant les yeux au ciel. Tu en parles tout le temps en répétant qu’il est gentil et tellement intelligent : Eliot a eu la meilleure note en mathématiques, Eliot court plus vite que tout le monde, Eliot par-ci, Eliot par-là….

– Aaah ! Voilà pourquoi mes jambes tremblent quand il s’approche de moi, constate Léna. Voilà pourquoi mes mains deviennent toute moites et que mon cœur cogne dans ma poitrine à chaque fois qu’il me parle. La maîtresse m’a fait remarquer mon manque de participation en classe depuis quelque temps. C’est vrai que je regarde souvent Eliot et beaucoup moins le tableau ! Oh là là, mais quel chamboulement ça provoque dans ma vie, constate Léna. C’est agréable ces sensations mais plutôt embarrassant tout de même ! Finalement, je me demande si ce n’était pas mieux l’année dernière quand il ne faisait pas partie de ma classe, reconnait-elle.

– Eh bien justement, réplique Justine, laisse tomber tout ça et recommençons nos jeux entre filles.

– Ouais, tu as certainement raison, c’est bien trop compliqué pour moi. Je vais plutôt t’écouter et attendre encore quelques années avant de retomber amoureuse !