Le village des pêcheurs.

Par ce beau temps clair et très ensoleillé je décide de faire une balade dans les rues de ce joli petit village de pêcheurs où je passe d’agréables vacances.

Les habitants sont détendus, souriants et chaleureux. Chaque personne croisée me salue et propose de m’accompagner pour la visite de cet havre de paix. Mais je préfère la solitude pour arpenter les rues, seule au gré de mes envies.

Parée de mon sac à dos, de mes lunettes de soleil et de mon Polaroïd, je m’extasie devant ces petites maisons de toutes les couleurs, sur lesquelles des petits surnoms sont inscrits à la peinture blanche : Popeye, Milo, Plein Phare, Mousqueton, P’ti Bidon, Amiral… et bien d’autres encore. Je souris, je me sens si bien.

Ho, en voilà une toute petite, ce pêcheur doit être un nain car il y est inscrit « court sur pattes » !

J’imprime tous ces paysages sur mon appareil photos et je continue mon chemin. Mes découvertes m’entraînent vers des rues de plus en plus pittoresques, tortueuses et étroites, mais tellement sublimes.

Cependant, j’espère que je saurais retrouver ma route car à cette heure avancée de l’après-midi tous les villageois sont chez eux et il n’y a plus personne dans les rues. Je décide donc de rebrousser chemin.

Mais je ne reconnais pas les rues que j’ai empruntées pour arriver jusqu’ici. Et sans âme qui vive dans ce secteur, me voilà perdue. Je tourne et vire dans tous les sens en gardant l’espoir que la nuit ne tombe pas trop vite… Par chance, je vois un panneau à quelques pas « Impasse de l’Espérance ».

Impasse, serait-ce une voie sans issue ? Son nom me porte à croire le contraire et me décide donc à m’engager dans cette petite artère, après tout je pourrais toujours faire demi-tour si elle mène nulle part, d’autant plus qu’elle n’est pas très longue à parcourir.

Étrange, cette petite porte verte au fond de l’impasse ! Un court instant, j’ose espérer qu’elle me remettra sur mon chemin. Je la pousse délicatement pour découvrir ce qui se cache derrière et à ma grande surprise deux mètres la sépare d’une autre porte, bleue cette fois-ci. Sans aucune hésitation, je l’ouvre et une nouvelle porte rouge se présente à moi. J’ai à cet instant précis un sentiment de désolation et de questionnement.

Pourquoi ces portes s’enchaînent-elles, pourquoi des couleurs différentes ? Y aurait-il à la clef le dénouement d’une énigme ? Peut-être cachent-elles un message codé ? Cette dernière pensée me donne l’espoir qu’en cherchant bien je vais trouver la réponse à ce mystère.

Oui, j’ai toujours aimé les histoires qui laissent le suspens jusqu’à la fin, où tout est toujours possible avec plein de rebondissements.

Alors que je cherche autour de moi le moindre indice pouvant me donner raison, une jolie petite souris blanche venue de nulle part semble vouloir me faire passer un message et m’encourager à la suivre, ce que je m’empresse de faire.

Et me voilà maintenant devant une nouvelle porte jaune cette fois-ci. Sans perdre patience, je l’ouvre et une nouvelle porte orange m’encourage à la pousser, puis après une autre violette…Toutes ces portes s’enchaînent à ne plus finir et il n’y a toujours pas d’issue. Quelle est donc cette épreuve morale que l’on m’afflige depuis plusieurs heures ? Je lève les yeux au ciel, pourquoi moi ? Qui donc s’acharne sur moi ? Que dois-je comprendre et espérer ?

Mon esprit n’arrive plus à réfléchir tant mes nerfs sont à fleur de peau quand le ciel s’assombrit et que la lumière s’efface brutalement.

Je m’effondre au sol, je n’ai plus aucun espoir de retrouver ma route pour ce soir. Et ce fichu portable qui ne passe pas.

Je respire calmement pour retrouver toute ma lucidité et je me dis qu’après tout, dormir à la belle étoile entre deux portes pouvait être une merveilleuse aventure et me laisserait un souvenir fantaisiste.

Alors je m’installe du mieux que je peux pour admirer la lune qui veille sur moi et décide tout simplement de faire l’impasse de l’espérance.

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