« Aie ! Que guapa ! » Voilà ce que se disaient entre eux les hommes qui regardaient passer Caridad. Il faut dire qu’elle était très belle et qu’elle le savait. Dans ce petit village d’Andalousie, l’arrivée de Caridad fut un événement. Personne ne savait d’où elle venait, ni pourquoi elle s’était arrêtée là, ni de quoi elle vivait. Un vrai mystère ! Les hommes pensaient que c’était un ange, bien roulé, qui descendait du ciel ; les femmes que c’était une sorcière sortant tout droit de l’enfer. Les anciens disaient qu’elle était venue pour mettre la pagaye dans le village, leurs femmes déclaraient que c’était pour mettre le feu aux poudres. Comprenne qui voudra.

Caridad en regardant ces paysans qu’elle méprisait, jubilait. Cruelle jusqu’au bout des ongles, elle se jurait qu’elles les auraient tous d’une façon ou d’une autre. Elle haïssait les hommes, cela ne s’expliquait. Cette haine envers la gente masculine se transmettait de mère en fille  depuis des générations. C’était comme ça, et rien n’y personne ne devait arrêter ce cycle.

Elle avait le devoir de les anéantir tous ces idiots qui bavaient en la regardant passer ! Il faut dire que leurs femmes n’avaient pas l’air d’avoir changé depuis le moyen âge.

Elle avait trouvé refuge dans une ferme isolée. Dans la cour de cette ferme il y avait un lavoir et c’est en le découvrant que l’idée lui vint. Pour aller jusqu’au bout de ses missions, elle avait beaucoup voyagé, traversé des tas de pays, appris à reconnaître les plantes, les insectes les plus sournois entre autres. Son plan était simple, elle remplirait le lavoir avec de l’eau, y ajouterait des plantes aromatiques aux odeurs envoûtantes, des insectes cannibales qui ne laisseraient aucune chance à ces bouseux. Elle savait qu’elle n’aurait aucun problème pour attirer les hommes jusque chez elle, et là plouf et couic !

Les hommes disparaissaient petit à petit. Les habitants du village cédaient à la panique. Ils accusaient la sorcière. Le maire, qui commençait à avoir peur,  prit la décision de faire venir un policier de la ville pour élucider ce mystère et surtout éviter que la population ne s’en prenne à Caridad, après tout elle n’y était peut-être pour rien. Et c’est ainsi qu’un jour le beau Pablo arriva, ses bottes claquant sur le sol à chacun de ses pas, son chapeau de cow-boy lui cachant le haut de son visage. Des Oh ! Et des Ah ! Se faisaient  entendre sur son passage, c’était impressionnant. Le maire lui expliqua la situation et Pablo décida d’aller rendre une petite visite à cette Caridad. Elle l’attendait devant le lavoir, elle avait entendu dire qu’un policier allait venir pour enquêter sur les disparitions. « C’est ça  pensa-t-elle, approche, allez plus près ». Mais quand il ôta son chapeau, Caridad fut saisit par la beauté de ses yeux et la profondeur de son regard. Au fur et à mesure qu’il approchait, elle reculait, tant et si bien qu’elle trébucha et tomba dans le lavoir.

Pablo fut décoré pour avoir élucidé aussi rapidement le mystère Caridad.

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