La fille de l’impasse

Dans le quartier où elle demeurait, personne ne l’appelait par son prénom. On disait « C’est la fille de l’impasse ».

Elle avait atterri là par hasard. La directrice de l’orphelinat qui l’avait recueillie dès sa naissance, lui avait trouvé un emploi de bonne chez une famille de petits bourgeois. Elle venait d’avoir dix huit ans. Elle n’était pas malheureuse, non ; quand on a été en panne de famille, d’amour, vous prenez le peu que l’on vous donne avec reconnaissance.

Elle s’installa donc dans la maison située « Impasse de l’Espérance ». Elle y vit comme un signe , de Dieu ou de quelques saints et apôtres dont on lui avait rabâché les oreilles durant des années. 

Elle avait appris à l’orphelinat les bonnes manières et acquis une certaine culture. Par sa gentillesse, sa docilité et surtout son intelligence, elle avait pu avoir accès à la bibliothèque qui regorgeait de livres. La lecture lui apportait une grosse part de rêve et développa son imagination. Elle commença à écrire des petites histoires qu’elle aurait aimé vivre, entre autres,  dans un cahier qu’elle cachait au fond de son placard. Elle ne voulait pas que les autres filles se moquent d’elle. 

Les mois passèrent. Elle traversait cette vie en étant sure qu’un jour l’impasse dans laquelle elle vivait finirait par se transformer en avenue. Ses cahiers se remplissaient d’histoires d’amour, d’aventures, de poésies. Elle prenait, comme on dit, son mal en patience.

Un jour sa patronne intriguée de la voir lire et écrire souvent lui posa des questions. Elle osa, avec une certaine appréhension, lui montrer ses écrits. Madame fut surprise et après avoir lu quelques textes lui dit :

  • Ma fille, vous avez du talent. Je connais un éditeur, nous allons lui demander ce qu’il en pense.

Ce fut le commencement d’une belle aventure. Un tourbillon pour elle qui n’avez jamais intéressé personne. Elle avait toujours su qu’un jour elle sortirait de cette impasse, elle avait attendu patiemment en regardant chaque nuit les étoiles. Il y en avait enfin une qui l’avait entendue.

Un livre de nouvelles fut édité. Elle avait absolument voulu que ce soit elle qui lui donne un titre. ESPERANCE.

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