Une jeune femme aux cheveux bleus répondant au nom de Caridad vivait parmi les bêtes sauvages.

Cruelle, elle menaçait hommes, femmes et enfants de son porte-jarretelles de fer en le faisant tournoyer comme un lance-pierre dès qu’elle sentait l’amour les animer.

Elle s’écriait alors :

– L’amour et encore l’amour. Que les secousses de mon porte-jarretelles atteignent votre cœur.

Elle se mettait sans cesse dans une colère rouge et son cœur se consumait chaque jour un peu plus dans la noirceur.

Méchamment elle disait :

– Le monde doit à  jamais plonger dans l’obscurité.

Caridad utilisait des objets magiques avec un sourire dévastateur et endurci.

Elle continuait à vaciller dans l’obscurité d’elle-même.

Le soir elle tirait hors de sa maison une malle en bois sans que personne ne sache ce qu’elle contenait.

Loin d’embellir sa vie, elle terrorisait celui qu’elle rencontrait.

Les habitants du village n’en pouvaient plus.

Un jour ils appelèrent sa vieille Mère Charité pour lui demander un double remède : celui de la gentillesse et  celui de l’estime.

A tout point de vue, ils estimaient que Caridad devait être jetée sur un tas d’ordure tant elle était dangereuse et nocive.

Ils ordonnèrent  que sa mère vienne la chercher et tracèrent un cercle autour de sa maison.

– Me voilà ! Leur dit Caridad. Restez là où vous êtes. Ma mère ne viendra pas tant elle est occupée par vos affaires terrestres.

Elle invoqua les démons et lança du sable noir sur l’ensemble des gens présents.

-Faites-moi plaisir, mariez-moi avant la fin de l’été.

Dans la foule un jeune musicien s’écria :

– Moi je veux bien t’épouser !

Les femmes du village se mirent à danser et à chanter en invoquant le sort de celui-ci.

-Non ! Non ! Elle te mangera tout cru !

Aucune d’elles ne voulaient que le jeune homme ne devienne l’époux de cette cruelle.

A la dernière note de la chanson Caridad ouvrit son coffre noir.

Tous les habitants s’arrêtèrent en retenant leur souffle.

Caridad marmonna :

– Cet homme que vous me refusez rejoindra les os de mon autre prétendant au fond de ma malle.

Tous furent témoins d’une étrange scène. Sans que Caridad ne bouge aucun de ses cils, le jeune musicien entra dans le coffre qui se referma sur lui.

Depuis, lors des nuits sans lune le jeune homme sort de la malle pour s’unir à Caridad à travers les dentelles dans un rituel aujourd’hui oublié.

Caridad, satisfaite, reçut enfin le don de l’amour sans pour autant le comprendre.

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