Hommage à l’érable du Canada

Le soleil levant prenait soin chaque jour de ne pas brûler tes feuilles, pourtant à l’automne tu semblais être en feu avec ta robe rougissante. La passion du jardinier avait porté ses fruits car tu t’élevais sereinement vers les nuages résistant à leur colère, les jours d’orage. L’aube rose mettait en lumière les perles de pluie ou de rosée sur ta verdure dentelée. La vie t’habitait comme dans le corps d’une femme, car prés de toi grandissait un petit érable, le fruit de tes graines.

C’est avec une grande sincérité que je te rends hommage, car comme tous les arbres qui m’entourent, tu rythmais les saisons et tu invitais les oiseaux en ton sein. Alors comment ne pas avoir d’affinité avec toi bel érable, toi qui accompagnais le cours de ma vie, et égayais mes journées par les joyeuses conversations tenues par tes hôtes. Depuis ton absence, je mesure la complicité que j’avais avec toi, lorsque je levais les yeux vers la fenêtre, tu me saluais d’un frémissement agitant tes branches avec douceur. Je te trouvais beau et je te le disais à chaque regard.

Aujourd’hui, je te demande pardon pour ceux qui t’ont fait du mal. Un sentiment de honte  m’habite pour avoir assisté à ta chute sans avoir pu te porter le soutien nécessaire et éviter que l’on t’abatte toi, le solide érable. A présent tu n’es pour moi qu’un doux souvenir, mais sache qu’il est encore très douloureux de dire bonjour à l’homme qui est mon voisin et qui t’a tué sans remord.