Gilles Rochier se décrit comme un autodidacte de la BD. Il a arrêté ses études en 5ème. Enfant de la banlieue (Colombes à l’ouest de Paris), il a été salarié dans une imprimerie, puis à 25 ans, il a monté une entreprise de publicité. « Mais aujourd’hui à Colombes, il n’y a plus de travail… » Il décrit cette période de transition de sa vie dans l’ouvrage « Temps mort ». De cette époque, Gilles garde la nostalgie « ne pas avoir à embaucher le lundi matin… » lui provoque toujours un manque.

Autodidacte, Gilles Rochier écrit tous les jours des scénarios pour ses propres BD, mais aussi pour d’autres dessinateurs. « Je suis un besogneux…je ne maîtrise rien… » déclare t-il plein de modestie.

Le scénario écrit, il le laisse « mûrir » parfois jusqu’à 6 mois avant de commencer éventuellement à dessiner dessus. Il dessine les « crayonnés » au crayon bleu « acheté chez Carrefour… », puis soumet ces crayonnés à l’éditeur pour avis. Il fait alors « l’encré » directement sur le crayonné, qu’il gomme ensuite pour obtenir la planche de la page. Il envoie ses planches ainsi encrées à l’éditeur, lui laissant le soin de les scanner.

Cette production est qualifiée par Gilles Rochier de précaire. Il lui faut 3 voire 5 ans pour produire un ouvrage. Cela rapporte deux rentrées d’argent par an… si tout va bien. Il confie « J’arrêterai si cela devient trop compliqué».

Gilles Rochier écrit ses scénarios le matin mais dessine le soir, vers 17 heures, 17h30.

Gilles Rochier a été récompensé au festival d’Angoulême pour son ouvrage TMLP (ta mère la pute), inspiré par la vie de la banlieue. Cette notoriété a son revers : « On attend de vous le prochain ouvrage».

Gilles Rochier travaille avec 5 à 7 éditeurs différents. Mais il affiche sa préférence pour l’éditeur montpelliérain 6 pieds sous terre. Comme il dit, « 6 pieds » est la maison d’édition la plus audacieuse, la plus libre et la plus singulière. Il n’y a pas de compétition entre ses nombreux auteurs qui se connaissent tous. 6 pieds entretient la prise en charge totale des auteurs et leur fait retravailler leurs livres. « Tout pour le livre ! », telle pourrait-être la consigne chez les auteurs de 6 pieds. Gilles Rochier fait confiance à son éditeur.

Conseils de Gilles Rochier à un jeune qui voudrait se lancer dans la BD : être déterminé, avoir une grande culture en matière de BD et être bon en dessin. Mais aussi avoir des moyens pour vivre, car l’auteur de BD est presque toujours « payé en dernier ». Ainsi Gilles Rochier a d’autres activités en dehors de la BD.

En conclusion, pour Gilles Rochier, le plus intéressant c’est « le voyage » que constitue l’aventure d’écrire un livre.

Propos recueillis par Richelieu le 19 avril 2017