• Non, je ne peux pas monter en haut du portique gémit Elisa ! Tu vois bien dit-elle à sa mère, j’ai du mal à me hisser, mes muscles me lâchent et mes pieds glissent.

Les larmes au bord des yeux, Elisa supplia sa mère de quitter l’aire de jeux, où s’égayaient les enfants, pour rentrer à la maison.

Son frère qui, en deux enjambées, avait déjà gravi l’échelle du toboggan, lui lança alors : « Evidemment, tu es grosse comme une patate » !

Et voilà, toujours et encore cette critique qui blessa Elisa au plus profond d’elle-même et la laissa sans voix. Meurtrie et injustement agressée, elle ne trouva cependant rien à répondre à la cruelle remarque. Son sens de la répartie dont elle usait habituellement l’abandonna totalement ; elle était pétrifiée par cette réflexion plus que désobligeante.

Il est vrai qu’Elisa était en surpoids et que ses mouvements en étaient affectés. Aller au parc, tout comme à l’école, était un supplice, une réelle souffrance. Trop souvent d’ailleurs aux récréations, ses camarades l’ignoraient ou se moquaient de son embonpoint les rares fois où elle était invitée à jouer avec eux. Isolée dans un coin de la cour, elle tentait alors de passer inaperçue pour ne plus être la risée de tous.

Elisa était pourtant une élève brillante et certainement la meilleure de sa classe. Hélas, ses excellents résultats ne parvenaient cependant pas à lui redonner la confiance qu’elle avait perdue en raison de ses problèmes de poids.

Heureusement, sa maman était toujours là pour la réconforter. Et souvent Elisa lui avouait :

« Maman, c’est vers toi que je me tourne quand j’ai trop de peine. C’est dans tes bras que je me réfugie lorsque je suis triste. Ainsi, lovée contre ton cœur et protégée de ceux qui me tourmentent, j’oublie pour un instant mes soucis. Je profite pleinement de ces délicieux moments, rien que pour moi. Je fais une pause tendresse. Et lorsque tu frappes tout doucement à la porte de ma chambre, le sourire aux lèvres, je mesure la chance de t’avoir comme maman. Ton écoute, tes conseils me redonnent de l’énergie. Tes mots balayent mes angoisses et ton humour me fait rire aux éclats. Grâce à toi, je me sens de nouveau prête à combattre, à relever des défis et à lutter contre ce poids qui m’encombre. Je peux enfin retrouver cette confiance en moi qui me fait souvent défaut. »

Le temps avait passé et Elisa avait grandi. Aujourd’hui elle pouvait ajouter « Ta présence rassurante pendant toutes ces années m’a permis de devenir celle que je suis, une jeune fille solide, équilibrée et sûre d’elle. Merci maman. »

Sedna