A sa première naissance Dionysos, fils de Zeus et de Sémélé, était mortel. Il tenta toute sa vie d’échapper à la rage d’Héra, femme de Zeus, qui ne supportait pas l’existence de ce bâtard. Dionysos devint un homme fort mais fut tué par les titans. Héra avait sa vengeance. Diane réussit à récupérer le cœur de Dionysos et l’apporta à Zeus, leur père. Celui-ci cousu le cœur à sa cuisse et ressuscita son fils.

Ainsi naquit une seconde fois Dionysos. Il fut présenté aux autres dieux comme l’un des leurs. C’est pendant cette présentation qu’il vit Tempérancia pour la première fois. Cupidon ne devait pas être loin car il en tomba aussitôt amoureux. Tempérancia avait une beauté très singulière. Elle était plus grande que les autres déesses, très fine, très adroite. D’un tempérament doux et raisonnable elle était toujours maîtresse d’elle-même. Tempérancia avait la lourde charge de l’équilibre des deux mondes, terrestre et divin, représentés par deux vases. Son activité divine consistait à faire passer de l’eau d’un vase à l’autre.

Elle remarqua l’émoi qu’elle provoquait chez Dionysos et en fut aussi surprise que flattée. Les autres Dieux ne lui accordaient que très peu d’attention, malgré ou à cause de sa lourde charge. Dionysos avait le charme et le charisme de son père, aussi Tempérancia céda à ses avances. Les deux amants se retrouvaient dans un endroit secret, connu d’eux seuls. Insouciants et à l’abri des regards ils s’aimèrent pendant des jours. Tempérancia tout à son bonheur oublia quelque peu sa besogne. Un matin où les amants étaient encore endormis dans les bras l’un de l’autre, un bruit soudain les réveilla : un des deux vases venait de se briser en mille morceaux sur le sol.

Dionysos se jeta au sol et commença à laper l’eau qui ne devait pas se perdre. Pour maintenir l’équilibre, Tempérancia  devait boire l’eau du second vase. Mais ces eaux-là ne sont pas ordinaires et leurs effets furent dévastateurs sur les deux amants. Dionysos bien qu’allongé au sol avait des vertiges, la nausée. A grand-peine il but jusqu’à la dernière goutte tombée. Tempérancia ne remarqua d’abord pas l’engourdissement qui prenait ses membres. Puis quand elle sentit son cœur se serrer, son corps se glacer, il était déjà trop tard.

Dionysos tenta de se relever. La terre semblait se dérober sous ses pieds. Il titubait et son sang bouillonnait. Il ne se souvenait ni de son nom ni du lieu où il était. Il buta contre la statue d’une femme. Dionysos scruta la forme à côté de lui mais son regard n’arrivait pas à se fixer. Il essaya de parler mais il n’émit que des râles et la forme ne répondit pas. Dionysos partit ne sachant ni où il allait, ni ce qu’il quittait. De leur amour si fort, l’un ne s’en rappelait plus et l’autre ne le pouvait plus.