Cocody

Je vais vous raconter une petite histoire. Il était une fois… mais vous savez bien qu’il était plusieurs fois. Donc, il était une fois un jeune garçon né au début des années 50 dans la banlieue de Saïgon, période où le Vietnam était colonie française sous le nom d’Indochine. Ses parents l’avaient appelé COCODY, et, une peu comme Martine, Cocody va à l’école, Cocody va aux champs, Cocody va voir son grand-père

Mais la guerre éclate et la famille, sous les bombes, fuit vers le Cambodge. La famille aussi éclate et se dissémine. Le Cambodge va être un piège : les parents sont tués. Cocody, gravement brûlé, se réfugie en Thaïlande. Il y retrouve l’un de ses oncles qui l’embarque dans un boat-people afin de survivre. Enfin il est accueilli sur le territoire français, hébergé par des oncles parisiens. Il doit rapidement devenir autonome, et décide de tenter sa chance à Montpellier, ville dynamique et ensoleillée. Il y rencontre Carmen, la fille aînée d’une tribu d’immigrés espagnols. Antonio le patriarche est maçon, il a eu quatre filles et un jeune garçon. Cocody tombe amoureux et se marie avec Carmen. Il dira plus tard en parlant d’elle « Elle était pas très belle, elle était pas très intelligente, mais elle avait une grande famille ! » Les années passent dans une entraide formidable. La mamma organise sans cesse de fréquents et fournis repas de famille. Bientôt, il ne reste que Séverine, la jeunette, à marier. Et elle se marie avec Luc, un dandy, jeune cadre méprisant. Cocody, avec son accent asiatique, le qualifie de « petit coq », mais le plus souvent de « petit con ». Les repas tous ensemble vont s’espacer, la frime et la jalousie vont remplacer la fraternité. Séverine, manipulée par Luc, va réclamer avec force sa part d’héritage. Et boum ! Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Si tu veux de mes nouvelles, tu n’as qu’à regarder sur Facebook ! Cocody et Carmen divorcent, Antonio déprime, la mamma pleure. Si le XXème siècle était celui de la famille, le XXIème sera celui du chacun pour soi, fin de la meute, on se dévore entre congénères !