Chère Marie,

Cela m’aurait fait tant plaisir que tu sois mon invitée durant quelques jours mais je comprends que tu ne puisses te rendre disponible. Tu as tes raisons. J’espère que ta santé est bonne et que ta vie est remplie de belles choses. Tu me dis vouloir changer de boulot parce que tu ne gagnes rien et que tu es employée au-dessous de ta qualification. Je comprends que tu ne puisses supporter davantage les deux furies qui partagent ce bureau fermé où tu passes des journées entières, dans ce cloaque d’eau boueuse et stagnante, où l’âme s’enfonce dans les bavardages stériles. Je suis heureuse d’apprendre que les arts martiaux te conduisent vers plus de sérénité. J’ai hâte de découvrir quelques prises surprenantes dont tu as le secret. Ma très chère Marie, je voulais te dire que j’aime quand tu me parles sur le papier. Ton écriture romantique résonne avec la mienne. Tu aimes le dessin et la peinture, le son des guitares espagnoles et la poésie, l’art moderne, Flaubert et sa Bovary. Et les passions-miroirs qui nous dévorent allument de grands feux de la Saint-Jean par-dessus lesquels nous sautons main dans la main comme des diablesses. Le temps nous sépare mais tu restes ma douce amie à qui je peux conter sans vergogne la souris qui trotte dans ma tête et son grain de folie.

Tendrement.