A toi. Celle que j’ai été … 

« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,

Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils… »

 C’est avec cet extrait d’un poème de Baudelaire (que tu aimeras plus tard) que je commence cette lettre. Ces quatre vers résument ton enfance, enfin la nôtre ! Quoi dire de plus que tu ne sais déjà ?

 Pour éviter de t’écrire des phrases que j’ai répété tant de fois, je préfère te parler de ces moments douloureux qui, en poésie, sembleront moins pénibles.

 « Je n’ai pas vu le temps passer,

Ni les jours, ni les mois, ni les années.

Je ne me souviens pas d’avoir été une petite fille,

Je ne me souviens pas d’avoir eu les yeux qui brillent.

Enfance, adolescence, souffrance,

Triste association de mots.

Je n’ai pas côtoyé l’insouciance,

Les fées ne se sont pas penchées sur mon berceau ;

Elles n’ont pas su le jour de ma naissance,

Et ne m’ont pas guérie de tous mes maux … »

 Ces vers-là sont de moi ! Tu ne savais pas à l’époque que tu allais tant aimer la poésie et surtout que tu allais en écrire, en toute modestie ! Tu vivais dans un autre monde à travers tes lectures. Un monde où le ciel était toujours bleu, dans cette carapace protectrice de laquelle tu as mis des années à te débarrasser.

 Voilà, la suite tu la connais aussi bien que moi ! Tiens, pour ne pas finir cette lettre par une note triste, je te livre deux strophes d’un poème écrit pour un concours de poésie.

 « …Se gorger de fruits murs,

Vivre sa vie comme un été,

Remplir ses poumons d’air pur.

 Chasser tous ses démons,

Vagabonder le cœur en paix,

Garder sa ligne d’horizon… »

 C’est cela, la bonne direction.

 Salut toi.

Avatar