Farinette est de retour avec le premier épisode d’un tout nouveau roman-feuilleton conçu durant le cycle d’écriture sur la Gourmandise.
Cet exercice de roman-feuilleton demande tout de même quelques explications. Un beau jour, les membres de l’atelier d’écriture se sont entendu dire « Nous allons créer un roman feuilleton pour notre future revue. Vous allez tous plancher sur une proposition, mais une seule sera officiellement retenue pour la revue. Les autres seront publiées sur le blog comme histoires alternatives ».
Histoires alternatives ? De là aux univers parallèles, il n’y a qu’un pas ! En somme, on nage en pleine science-fiction ! C’est un peu le principe en effet. Mais il ne s’agit là que du début, la suite est encore plus psychédélique. Nous en reparlerons au moment voulu…
Ainsi donc, la version officielle du roman-feuilleton qui a été retenue pour la revue est celle de Marabout « La Géante et le Magicien ».
L’histoire de Farinette explore des voies différentes qui lui ont déjà valu l’écriture de 8 autres épisodes, rien que ça ! C’est dire si Farinette est inspirée par cet exercice qui lui sied à merveille. Mariko s’associe à elle pour nous livrer une illustration toujours aussi stylisée, qui nous propulse de plein fouet dans l’univers des contes de Grimm et de Perrault.
LA METAMORPHOSE
Episode 1
Lénora était un peu oppressée depuis quelques jours, elle se redressa de sa chaise et se leva.
Sa vie s’écoulait à s’occuper de la maison, une vieille bâtisse en pierre sèche qui était cachée dans la forêt sombre et profonde. La jeune fille vivait là avec son père, un homme autoritaire et rustre : c’était le chasseur de nains.
Cela faisait une semaine aujourd’hui que, lors d’une promenade dans la forêt, elle avait découvert un petit sentier qui la conduisait loin de chez elle.
Aujourd’hui elle avait décidé de s’y rendre. Devant elle, se dressaient une plantation d’oliviers et son moulin à huile. La beauté du paysage recouvrait des couleurs automnales. Elle se laissa bercer par la lumière qui dansait dans le vent.
Travaillant la terre, un bel agriculteur d’une vingtaine d’années était en plein effort.
Lénora s’était cachée derrière un arbre, elle frissonnait de plaisir, un sentiment nouveau naissait.
Elle rentra chez elle et se montra prudente, elle ne se sentait pas le droit de parler de sa découverte. Les échanges entre le père et la fille étaient rares depuis sa plus tendre enfance. Elle rêvait souvent qu’elle était entourée d’arbres et qu’elle ne savait pas où elle se trouvait. Un grand malaise qu’elle ne s’expliquait pas.
Un craquement extérieur la fit sursauter, c’était son père qui rentrait. Elle entendit la porte de la cuisine se refermer derrière lui. A chaque retour de chasse, il préparait le repas. Lénora était très friande de ce gibier.
Toutefois, l’accès à cette pièce lui était défendu et son père prenait le soin de la fermer à clé.
A l’approche de ses dix-huit ans et depuis sa découverte, elle sombrait souvent dans la rêverie. Lénora venait de penser au miroir recouvert d’un drap blanc qui se trouvait dans la chambre de son père. Elle y entra et souleva le tissu. L’image renvoyée était consternante, elle découvrit une personne difforme.
– Pourquoi ai- je cette taille géante ? se dit-elle. Je ne pourrai jamais être aimée par l’élu de mon cœur !
Le jour de ses dix-huit ans, Lénora fit un étrange rêve.
Sa mère, morte de chagrin, et qu’elle avait à peine connue, lui était apparue. Elle avait une révélation importante à lui faire. La voix de sa mère était chaleureuse et pleine d’amour :
– Rappelle-toi Lénora, il faisait froid ce jour-là, tu avais ta capuche bordée de fourrure que ta grand-mère t’avait offerte. Tu avais trois ans et nous cherchions des papillons dans la forêt quand soudain tu as disparu. Les recherches ont été vaines. Cet homme n’est pas ton père. Le tien habite encore dans la maison aux papillons et espère toujours ton retour. Il est temps pour toi d’échapper à ton terrible destin. Ecoute-moi…
Et elle lui chuchota la suite des événements au creux de son oreille.
La jeune fille était tétanisée par la peur.
Lénora venait de comprendre qu’une grande menace planait sur elle et qu’elle devait se montrer prudente et fuir avant ses vingt ans. Au matin, elle prit son journal intime et nota mot par mot, les précieux conseils donnés par sa mère.
À SUIVRE…
Texte : Farinette / Illustration : Mariko Shinobu