Dans le cadre de sa contribution au journal « 1914… Cent ans déjà ! », l’atelier d’écriture de l’association Ecri’Service a réalisé un mini cycle sur le thème de la Grande Guerre. Ce mini cycle s’est déroulé durant le premier semestre 2014.

A cette occasion, Léccie avait concocté quelques audacieuses consignes visant à la création de textes fictionnels à partir de situations, d’oeuvres d’art ou de témoignages authentiques. L’une de ces consignes consistait à choisir une peinture de l’époque, et à « imaginer que le peintre n’aurait pas été peintre mais écrivain : qu’aurait-il écrit ? ».

C’est dans ces circonstances que le texte suivant, rédigé par LN, a vu le jour. On y retrouve le style concis et poétique de son auteure, comme une introduction à la contemplation artistique du monde. Ou, en l’occurence, à la contemplation du tableau « Paysage » de Vassili Kandinsky, réalisé en 1913. Car c’est cette oeuvre que LN a choisi comme point de départ à son écrit. On en retrouvera d’ailleurs une reproduction ci-dessous, pour une meilleure compréhension du texte présenté, et inversement.

PAYSAGE 1913 – KANDINSKY


Ce matin avait toutes les couleurs d’un été débutant. Nous étions le 2 août 1914.
Le soleil conquérant lézardait déjà le ciel à peine sorti de la nuit, au loin les troncs des hauts pins de bois Colombe chancelaient comme un jeu de mikado et les mas de mes voisins émergeaient de leur voile de brume légère.
L’air, sur le pas de ma porte, était encore doux et parfumé, il emplissait mon corps de sérénité et de paix.
Je me servais un café lorsque le tocsin retentit du campanile du village. Il ne pouvait s’agir que d’un accident grave, le mistral n’ayant pas soufflé depuis plusieurs semaines et aucune fumée suspecte à l’horizon.
J’enfourchai mon vélo et partis vers le village. Un bourdonnement de ruche d’abeilles avant l’orage faisait vibrer la place de la fontaine.
C’est Antoine qui vint vers moi le premier, le visage bas, lui si jovial d’habitude. Dans une voix d’outre-tombe, il m’annonça : « c’est la guerre, c’est la guerre Pascal ! ».
Texte : LN